La ville de Gamba bientôt désenclavée : un tournant attendu depuis des décennies


12 novembre 2025

Par Mika M. – Pour Radio Ndougou

Longtemps isolée, la ville de Gamba entrevoit-elle la fin de son enclavement ? Annoncée début novembre, la construction du pont de Mayonami situé entre Gamba et Tchibanga ouvre la voie à un développement important, soutenu par des entreprises italiennes prêtes à investir dans les infrastructures, la santé et l’énergie. Le professeur Édouard Dilagou, ex-candidat aux élections départementales de Ndougou et témoin de ce tournant, salue une « décision historique » qui pourrait transformer durablement le département.

Un problème d'enclavement 

Le rêve d’un pont entre Mayonami et Tchibanga, évoqué depuis plus d’un demi-siècle, semble enfin se concrétiser. Porté par la volonté du président Brice Clotaire Oligui Nguema et soutenu par de nouveaux partenariats avec l’Italie, le projet pourrait transformer durablement le visage du sud du Gabon. Isolée par des voies de communication insuffisantes, la ville de Gamba vit depuis des années dans une forme d’isolement. Pour traverser le fleuve au départ de Mayonami, les habitants doivent compter sur un bac limité à 15 ou 20 tonnes et des pirogues, une solution précaire et coûteuse. « Le département de Ndougou souffre d’un sérieux problème d’enclavement, explique le professeur Dilagou. C’est une difficulté qui fait que même les coûts, au niveau de Gamba, sont exorbitants. Du fait que les commerçants, les entreprises, d’une manière générale, qui nous ramènent des marchandises ici ou autre chose, sont obligés d’augmenter leurs prix pour rentrer dans leurs bénéfices. En dehors des entreprises, c’est difficile de construire à Gamba, parce qu’il faut faire venir le ciment, il faut faire venir tout le matériel qu’il faut pour construire, et ce n’est pas tout le monde qui a la possibilité d’acheminer toutes ces choses-là jusqu’ici. »

Des partenaires italiens 

« Avec un pont, poursuit-il, nous pourrons mieux approvisionner Gamba en matériaux, vivres et équipements. Ce serait un soulagement pour toute la population. » L’annonce du projet s’inscrit dans un contexte de coopération économique renforcée entre le Gabon et l’Italie. En marge de la récente visite du président de la République à Rome, plusieurs entreprises italiennes ont manifesté leur volonté d’investir massivement dans les infrastructures gabonaises. Ainsi, la société Todili Costruzioni Generali S.p.A., experte en ouvrages publics et infrastructures hydroélectriques, s’est positionnée sur plusieurs chantiers stratégiques. Elle projette de réaliser 200 km de routes répartis sur une vingtaine de tronçons, ainsi que le pont de Mayonami, reliant Gamba à Tchibanga. L’entreprise participera aussi au déploiement des lignes électriques entre Boué, Belinga, Mayumba, Lastourville, Ndjolé et Oyem, dans le but de mieux connecter le sud du pays au réseau national. « Si ces engagements se concrétisent, c’est toute la région qui pourrait en bénéficier », estime le professeur Dilagou.

Un chantier aux retombées régionales

Pour le professeur Dilagou, ce pont représente bien plus qu’un simple ouvrage. C’est un levier de croissance car ce chantier pourrait générer des emplois directs et indirects, et la main-d’œuvre devrait être recrutée localement. Le projet s’inscrit dans une dynamique régionale plus large, incluant le port en eau profonde de Mayumba, la centrale électrique en développement et l’exploitation du marbre dans la zone de Tchibanga.  «  Ce chantier va créer beaucoup d’emplois directs et indirects. La loi impose désormais que la main-d’œuvre soit d’abord recrutée localement. Le pont favorisera aussi la circulation des biens, des services et des travailleurs entre Gamba, Mayonami et la zone du port en eau profonde de Mayumba. Il va y avoir un échange d’employés entre Mayumba, Gamba, jusqu’au site où on prélève le marbre » analyse le professeur Digalou avant de préciser que selon les informations dont il dispose, le financement de ce projet a été trouvé, ou est en voie de l’être. « Le président a montré qu’il ne fait pas d’annonces sans garanties financières. C’est un point rassurant. À notre niveau, le conseil départemental et la commune devront suivre l’évolution du chantier. »

Former les jeunes pour construire

« Avant même l’annonce du pont, il était déjà question d’un grand établissement technique à Gamba pour former nos jeunes aux métiers du bâtiment, de la mécanique, de l’électricité et de la logistique », rappelle le professeur Dilagou. Cette école pourrait devenir un maillon essentiel du développement local, en préparant une génération capable de participer à la transformation du territoire. Le calendrier précis du chantier n’a pas encore été communiqué, mais les ministères des Travaux publics et du Plan travaillent sur un chronogramme. Le professeur souligne que le conseil départemental et la commune de Gamba seront chargés du suivi de l’exécution des travaux. En conclusion, le professeur Dilagou s’adresse à la diaspora gabonaise : « Je lance un appel à tous ceux qui vivent à Libreville, à Port-Gentil ou à l’étranger : revenez, ou investissez ici. Nous avons besoin de votre soutien pour relancer Gamba. » Il insiste également sur la revitalisation des villages historiques, qu’il souhaite voir renaître.

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