Procès de Sylvia et Noureddin Bongo : ouverture à Libreville dans un climat tendu


12 novembre 2025

Par Michel Z. Pour Radio Ndougou

Le procès de Sylvia Bongo Ondimba, ancienne Première dame du Gabon, de son fils Noureddin Bongo Valentin ainsi que d'autres co-accusés, s’est ouvert ce lundi 10 novembre devant la Cour criminelle spéciale de Libreville. Les deux accusés, actuellement en exil à Londres, sont jugés par contumace pour des délits économiques présumés.

Un réquisitoire sévère du procureur général

Lors de l’audience, le procureur général près la cour d’appel de Libreville, Eddy Minang, a requis 20 ans de prison ferme et 100 millions de francs CFA d’amende contre Sylvia Bongo et son fils. Il a également demandé la confiscation de l’ensemble de leurs avoirs (comptes bancaires, propriétés, actifs pétroliers et miniers, entreprises) ainsi que le remboursement de 4,4 milliards de francs CFA à l’État gabonais. Dans son réquisitoire, le procureur a décrit un « duo mère-fils » qui aurait, selon lui, abusé du pouvoir présidentiel après l’AVC survenu à l’ancien chef de l’État Ali Bongo Ondimba en 2018. Le ministère public accuse Sylvia Bongo d’avoir bénéficié de 16 milliards de francs CFA en provenance du Trésor public pour des dépenses personnelles.

Des témoignages à charge entendus

Au cours des audiences, plusieurs témoins ont été entendus. L’ancien assistant personnel de Sylvia Bongo, Kim Oum, a évoqué des achats de bijoux, de vêtements de luxe et d’œuvres d’art pour plusieurs millions de dollars chaque année, ainsi que la mise en place d’un système parallèle de transferts financiers vers Dubaï.
Un autre témoin a confirmé l’existence d’un patrimoine considérable détenu à l’étranger, sous contrôle de la famille Bongo. Les avocats de la partie civile ont, pour leur part, décrit un vaste réseau de détournement de fonds publics destiné à financer un train de vie privé, tandis que la défense, absente du procès, dénonce une procédure « politique » dépourvue de garanties équitables.

Une forte affluence à Libreville

Autour du Palais de justice de Libreville, une foule nombreuse s’est rassemblée pour suivre les débats. Des tentes ont été dressées à l’extérieur, et plusieurs manifestants ont brandi des pancartes appelant à la justice et à la transparence. Ce procès, prévu pour durer plusieurs jours, marque un moment clé dans la lutte contre la corruption au Gabon. Le procureur Minang a affirmé que la justice entendait « rendre compte au peuple ». Les verdicts devraient être rendus dans les prochains jours.

(Photo : foule rassemblée devant le Palais de justice de Libreville lors de l’ouverture du procès - Radio Ndougou)

Crédit photo : Radio Ndougou - Libreville, novembre 2025

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